Samedi 14h, Salle du Théâtre des Bretchs
Sur le thème "Enfants cachés d'hier, enfants expulsés d'aujourd'hui, quels adultes de demain?"
EXTRAIT DE L'INTERVENTION DE MADAME MERMET-BOUVIER
"Je veux insister sur le fait que ces familles ( les demandeurs d’asile ) nous sont un véritable enrichissement. Quand j’ai parlé des ateliers comptines et cuisine dans les crèches ce n’est qu’un exemple de l’ouverture vers d’autres cultures dont les habitants du Plateau bénéficient ; de plus les enfants accueillis au CADA permettent à nos écoles et collèges de se maintenir et éviter qu’ils ne se transforment en musée. Quand, sur le Plateau Vivarais Lignon, on s’interroge sur un second souffle du « Pays Lecture » : que dire du succès des soirées « Babel Heureuse » , soirées où les participants, résidents permanents, natifs d’ici ou néo ruraux, élèves du Cévenol ou demandeurs d’asile viennent lire des poèmes dans leur langue maternelle… et je ne parlerai pas, parce que c’est inquantifiable, des liens d’amitié.
On peut remarquer, comme lors de la création de RESF, que le fait que nous défendions des familles, avec enfants, a beaucoup compté dans la prise de conscience des adhérents ; les enfants sont un formidable vecteur d’intégration : à l’école, à la crèche, en conseil de classe, au centre de loisirs, la prise de conscience que ce camarade de notre enfant, le voisin de classe ou de cantine, peut être envoyé en centre de rétention sans être coupable de rien que d’être, devient insupportable même sans convictions politiques. L’injustice faite aux petits devient tout d’un coup intolérable, et destructrice : que dire à nos enfants ? Ces enfants ordinaires, ou exemplaires, nous sont tout d’un coup proches, et l’identification avec eux et leurs parents évidente.
Il m’est bien entendu difficile de raconter dans le détail la vie des enfants en danger d’expulsion dont notre association s’est occupée, s’occupe, s’occupera : ces histoires leur appartiennent, ils vivent ici, ils grandissent ici, parfois admirables, trop souvent admirables, comme si ces enfants n’avaient pas tellement le droit d’être ordinaires, à qui on demande non seulement une intégration express, mais aussi de soutenir leurs parents (les traductions, les démarches…) Ces enfants nous font ressentir complètement la folie du monde. Comment vont-ils grandir, quels adultes vont-ils devenir ? Que vont-ils avoir à réparer pour leurs parents, à prouver à la société, quel désespoir ont-ils enfoui, et nos enfants à nous ?"
M.Charbonnier, représentant de la Défenseure des Enfants pour Drôme, Ardèche, Isère.
( en attente)
